Alors que le monde du travail est traversé par des vagues de licenciements, de privatisations et de délocalisations, le gouvernement nous incite à nous « serrer la ceinture », notamment en remettant en cause nos retraites. Il est grand temps d’inverser la vapeur en engageant le combat contre le patronat et l'État, mais aussi contre l’Union Européenne, le FMI et l’OMC: c’est-à-dire contre le capitalisme et ses institutions.

 

Une attaque frontale contre les retraites par répartition

 

Que ce soit l’UMP, le PS ou les Verts, tous s’accordent pour dire que l’allongement de la durée de vie doit être suivi d’un allongement de la durée de cotisation aux retraites. L'espérance de vie en bonne santé n'est pourtant que de 63 ans pour les hommes et 65 ans pour les femmes. Ces partis politiques ne discutent que de la forme que doit prendre cet allongement. Or, qu’on choisisse d’allonger la durée de cotisation ou de retarder l’âge du départ, les conséquences seront les mêmes. Beaucoup de salariéEs, en particulier les femmes, n’arrivent déjà pas à cotiser 40 ans et doivent partir tard ou avec une retraite incomplète. Ce système se généraliserait avec l’allongement de la durée de cotisation et à terme, seule une partie des salariéEs pourront compléter leur retraite avec des fonds de pension privés.

 

Relevons la tête

 

Pourtant, d’autres solutions sont possibles. Depuis la création du système de retraites jusqu’à aujourd’hui, la production de richesses s’est accrue bien davantage que le nombre d’habitantEs.

Le vrai problème qu’aucunE politicardE n’aborde réellement, c’est la répartition de ces richesses. On pourrait très bien réduire le temps de travail, réduire la durée de cotisation et augmenter les salaires et les retraites.

Mais pour cela, il faut s’attaquer aux revenus du capital

 

Le patronat et le gouvernement n’hésitent pas, eux, à s’attaquer aux revenus du travail. On en est bien là, la lutte des classes n'a pas cessé, les exploiteurs le savent bien et s'y emploient. Alors qu’ils sont pleinement responsables de la crise, ils font le choix de la faire payer aux classes populaires. La situation est déjà très difficile pour les travailleuses et les travailleurs : les licenciements, les restructurations multiples dans le public comme dans le privé, l’augmentation de la précarité causent une souffrance au travail de plus en plus grande. Pourtant, ça n’empêche pas patronat et gouvernement d’exiger que nous bossions plus longtemps pour eux. La situation est la même partout dans le monde. En Grèce, ils n’hésitent plus à diminuer les retraites et les salaires et à virer des fonctionnaires. C’est ce qui nous attend si nous ne relevons pas la tête pour dire stop, pour faire cracher le capital, pour imposer une autre répartition des richesses et une autre organisation de la société.

 

Notre arme, c’est la grève

 

Partout dans le pays, des collectifs contre la réforme des retraites s’organisent, à l’image des collectifs contre la constitution européenne en 2005 ou des collectifs contre la privatisation de la Poste à l’automne dernier. Ces collectifs sont utiles pour mobiliser dans les quartiers et mener la bataille idéologique.

 

Mais en appelant simplement à une meilleure répartition des richesses entre capital et travail, ils ont leurs limites. Pour notre part, nous sommes contre le capital lui-même, le travail aliéné, pas pour son aménagement, à plus ou moins grosses doses de keynésianisme. Les "droits" n'ont été en réalité que des miettes concédées, et concédées uniquement lorsque des mots d'ordres clairs étaient encore vivants dans le mouvement social : lorsqu'un véritable rapport de force, basé sur une conscience de la nécessité d'abolir salariat et capitalisme, et un débordement des centrales politiques et syndicales, faisaient assez craindre au patronat et à l'État pour qu'ils finissent par lâcher gros. Aussi pour faire reculer le gouvernement, la construction d’une grève interprofessionnelle reconductible sera incontournable.

Cela peut sembler un peu illusoire. Çà ne l’est pas. Les seules véritables illusions, c’est de s’imaginer que les directions syndicales appelleront à la grève générale, que le PS va s’engager dans la bataille ou que le projet de loi qui sortira en juillet prochain sera allégé par rapport aux annonces actuelles. C’est bel et bien à nous de construire ce mouvement dans les entreprises, en regroupant dès maintenant les syndicalistes, les salariéEs prêtEs à se battre contre la réforme et en mettant largement en débat la question de la grève générale, entre organisations syndicales et avec touTEs les salariéEs avec ou sans emploi.

 

Construire une riposte sociale unitaire à la base !

 

Nous devons aussi renouer avec les méthodes traditionnelles de lutte du mouvement ouvrier comme les occupations des lieux de travail, les blocages des centres économiques névralgiques, etc.

La radicalité qui s'est exprimée dans certaines actions de salariéEs contre leurs licenciements (séquestration de patrons et de cadres, sabotage ou réquisition des outils de production) nous montre la voie à suivre.

Une victoire d’ampleur changerait complètement la donne après la série de défaites que nous avons encaissées ces dernières années. Si nous gagnons, cela montrerait que l’action collective a un sens, que la redistribution des richesses est possible, qu’il ne faut pas se résigner.

 

État et patronat main dans la main pour nous plumer, 2012 n'y changera rien !

 

Tant qu'il y aura le capitalisme, il y aura des crises et de la misère. Se tourner vers l'État pour réguler « la folie » capitaliste est illusoire. L'État est par nature basé sur la protection des intérêts du capital et sur la confiscation du pouvoir par une minorité. En ces temps de crise, l'État montre de façon criante sa collusion avec le capital : d'un côté, envoi de la police et décisions de justice contre les salariéEs qui se battent pour sauver leur emploi et, de l'autre, cadeaux aux banques et aux patronNEs... Toute tentative de changement social égalitaire par l'accession aux commandes de l'État, par la voie électorale ou « révolutionnaire », a échoué.

Déléguer le changement aux politiciens et politiciennes de gauche ou d'extrême gauche, serait donc une impasse … de Mitterrand à Lula en passant par Lénine ou Mao, les résultats et les désillusions ont toujours été les mêmes. Espérer des élections de 2012, c'est préparer les désillusions de demain.

 

Changer de cap, rompre avec le capitalisme et l'État

 

Nous ne voulons pas nous figer dans des discours de sauvegarde du système actuel : il est temps de se demander quel projet de société nous défendons. Se battre pour le régime de retraites actuel revient quelque part à se battre pour le système salarial, et ça, c'est hors de question !

 

Le salariat repose sur l'exploitation et l'ordre hiérarchique : qu'il crève !

 

Les retraites actuelles maintiennent les inégalités de revenus et c'est insupportable car nous voulons vivre libres entre égaux.

 

Nous voulons :

 

- une économie socialisée et égalitaire gérée directement par les travailleurs, travailleuses et les usagerEs,

 

- mettre un terme au productivisme effréné, à la course à la croissance meurtrière et à la destruction des écosystèmes, en produisant moins et plus utile.

 

Nous sommes opposéEs à la mise en concurrence des individus en fonction de leur "mérite". Que tout le monde ait de quoi se nourrir, se vêtir, se loger et se cultiver !

 

- à l'idée de l'État, substituer la participation du plus grand nombre aux prises de décisions qui les concernent. Cela avec des structures fonctionnant sur la démocratie directe, pour permettre la participation de toutes et tous, sur des mandats révocables pour empêcher que se reconstituent des privilèges et sur le fédéralisme pour construire des projets de grande ampleur.

 

C'est à partir des mouvements sociaux, par le biais des assemblées générales et de leur coordination fédéraliste, que peut se construire la gestion directe de la société, de la production et de la distribution des biens et des services sans système hiérarchique.

 

Le racket sur nos retraites, c'est le capitalisme et l'État : Débarrassons-nous en !

 

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