Les anarchistes et l'autogestion

Les mouvements populaires les plus récents et leurs expressions autogestionnaires sont toujours l'occasion de dire que les anarchistes restent les partisans d'une autogestion intégrale, articulée de façon fédéraliste avec pour projets la société égalitaire et la démocratie directe. Nous sommes souvent seuls, dans le champ syndical, à assurer la continuité de la maxime de l'internationale des travailleurs: "L'émancipation des travailleurs sera l'œuvre des travailleurs eux-mêmes" et de la charte d'Amiens de 1906 qui décida entre autres que le syndicat "prépare l'émancipation intégrale, qui ne peut se réaliser que par l'expropriation capitaliste; il préconise comme moyen d'action la grève générale et il considère que le syndicat, aujourd'hui groupement de résistance, sera, dans l'avenir, le groupement de production et de répartition, base de réorganisation sociale".

Sur le plan politique, nous restons partisans de l'abstention active des citoyens lors des consultations électorales, entre autres pour pointer du doigt cette forme de démission collective; participer aux élections est un processus qui laisse en place une représentation verticale, incompatible avec l'autogestion généralisée et pérennise une société de classe centralisée qui déresponsabilise.

Plus banalement, on ne compte plus les collectifs libertaires à caractère éditoriaux, les radios, librairies, squats, syndicats, groupements divers... qui pratiquent à plus ou moins grande échelle l'autogestion. L'autogestion est un volet essentiel de la culture, des pratiques et des finalités anarchistes.


Qu'est ce que l'autogestion ?

L'autogestion est un projet ou mouvement social qui, aspirant à l'autonomie de l'individu, a pour méthode et pour objectif que l'entreprise et l'économie soient dirigées par ceux qui sont directement liés à la production, la distribution et l'utilisation des biens et des services. Cette même attitude ne se limite pas à l'activité productive de biens et de services mais s'étend à la société toute entière, en proposant la gestion et la démocratie directe comme modèle de fonctionnement des institutions de participation collective.

Bien entendu, étendre l'autogestion à la société implique de faire disparaître tous les centres de pouvoir qui se réservent aujourd'hui la gestion politico-sociale (comme les bureaucraties syndicales, les partis politiques, l'État, l'Armée, etc.) et de mettre cette gestion entre les mains de tous les membres de la collectivité, sans intermédiaire, sans dirigeant ni dirigé.


Capitalisme et autogestion.

Historiquement, le capitalisme est un mode de production qui chercha à intégrer dans sa logique toutes les institutions sociales et les différentes cultures à ses valeurs, dans un processus d'homogénéisation sans précédents, que l'on a étiqueté ces derniers temps sous le nom de globalisation . S'il n'inventa pas les mécanismes d'exploitation et de domination, en accentuant et en séparant irréversiblement les rôles sociaux, en circonvenant et en appauvrissant l'existence des producteurs qui sont maintenant victimes de mécanismes économiques d'expropriation, le capitalisme manifeste toute la négativité tant de l'exploitation, comme de la domination politique et culturelle, qui se traduisent dans l'aliénation croissante de l'humanité.


Alors, l'autogestion - et plus encore l'autogestion généralisée- sera-telle réellement possible ?

Pour l'anarchisme, la réponse est oui, puisque l'exploitation et la domination, avec une misère conséquente et l'aliénation, produisent des résistances et que l'on constate la présence chez les gens d'imaginaires témoignant du désir d'une autre société - bien qu'il ne soit pas toujours clair de savoir lesquels - où il soit possible de dépasser l'état actuel des choses.

Certainement que la route de cette alternative sociale n'est pas aussi courte et linéaire que certains le pensaient, ou que nous le voulons, l'histoire nous montre combien est intériorisé le phénomène de subordination et d'aliénation dans toutes les classes et les groupes sociaux. Et plus encore dans notre société de masse paralysée par l'idéologie du consumérisme et du spectacle, les déficiences éducatives et une indolence stimulée empêchent de se poser la question des chemins alternatifs.

 

Télécharger le tract 

Informations supplémentaires